1907 Annales Méridionales
n° 1, 6 janvier 1907 à n° 5, 3 février 1907
Raoul DAVRAY dans La Chape de Plomb, Montpellier, 1938, p. 131 écrit :
“Cette chronique figurait dans le 3e numéro des Annales Méridionales dont, en janvier 1907, la rédaction m’avait été confiée par son fondateur, Jean CAIREL, fantaisiste délicat, auteur de monologues charmants, mort au champ d’honneur. C’est le lieu de parler de cette intéressante tentative de décentralisation qui dura l’espace de quelques dimanches, mais que nous avions “endimanchée” de la meilleure façon. Une élite de collaborateurs s’inscrivit dans les sommaires. Les ‘Lettres de Paris’ étaient rédigées par le regretté André Tudesq qui alternait pour cette rubrique avec Pierre Grasset. Henry Rigal faisait de ‘Mounette’ la femme coupée en morceaux sous forme de fragments de ce livre exquis. Péladan et le professeur Grasset rompirent des lances sur la question des demi-fous, à propos de Flaubert et de Baudelaire. Francis Carco, qui, de Rodez, m’écrivait :” Demandez un article sur Emma Calvé à l’abbé Bessou” nous adressa une élégie lamartinienne.
L’originalité de cet hebdomadaire consistait en deux pages de lettres de nos divers correspondants parmi lesquels on comptait deux futurs sénateurs : Georges Brugnier et Victor Dalbiez, et un écrivain tel que René Séguy, néoclassique au style impeccable. Deux pages étaient occupées par La Légende natale où A. Eloy-Vincent évoquait le Montpellier de son enfance avec une qualité d’émotion et une piété persuasive qui font de ce mémorial un livre de raison et d’oraison. Par surcroît, chaque semaine, deux pages de musique.
C’en était trop, — quant aux frais. Au sixième numéro, nous dûmes faire une retraite en musique.”
Le 9 novembre 1929, dans La Vie méridionale, le même Raoul Davray revient sur ses souvenirs :
“En janvier 1907, j’étais le rédacteur en chef... [les points de suspension sont de R.D.] d’un hebdomadaire dont le nom seul me dispense... [id] “Les Annales méridionales”. Cette revue éphémère arborait des sommaires magnifiques où se lisaient les noms d’André Tudesq, Gabriel Boissy, Lionel des Rieux, Joachim Gasquet ... Les envois de Perpignan étaient signés Victor Delbiez qui depuis... [id] et ceux de Nîmes par M. Georges Bruguier depuis sénateur. Le meilleur de nos correspondants était, sans doute, M. Francis Carco, 5 Boulevard Laromiguière, Rodez... [id] Nous publiions de lui, en bonne place, une méditation en vers lamartiniens de la plus jolie couleur sentimentale. Il m’écrivait “Je serais très heureux que la recommandation de V... aboutisse à me faire obtenir une place de correspondant régional de votre publication”... Il ajoutait “Ce n’est pas que je vous sois d’une grande ressource (pécuniaire), mais, possédant à Rodez et dans le département un certain nombre de relations, il me sera très facile de vous apporter un noyau d’abonnés”.
Prix du n° : 0, 15 F. ; 7 F / an. ce qui correspond à un hebdomadaire.
Jean Cairel, après la fin des Annales méridionales, va à Paris, devient un des chansonniers de Montmartre tout en poursuivant (?) ses études. Il meurt tué à la guerre de 1914. Il signait Jehan Claire-Marie des monologues "pour dire en soirée", publiés chez Louis Relin, 30 rue des Etuves vers 1900. Par exemple : Les tourneurs de page ; La Pipe ; Une infirmité ; Les châteaux en Espagne ; Le Nez ; L'Eventail... (Pseudonyme identifié par la dédicaces de ces brochures à Raoul Davray (Bibli Emile Zola, Montpellier, cote S1479).
FAIT CURIEUX :
la présence très forte de féministes dans cette revue.
Ida Rosette Sée est la gouvernante du fils de Joseph Conrad, mais surtout l’auteur de nombreux livres sur l’éducation et sur le féminisme.
Mlle Mercédès Gaillaud s’affirme féministe.
Et surtout, contribution de Valentine de Saint Point : Une des plus étonnantes biographies pour cette arrière-petite-nièce de Lamartine (Née Valentine Marianne Desglans de Cessiat-Verceil, Lyon 1875-Le Caire 1953). Romancière, poète, peintre, danseuse et théoricienne de la danse, féministe. En 1904, elle est peintre auprès de Mucha. Georges Porto-Riche l'introduit dans les salons parisiens. Elle rencontre Marinetti et Canudo avec qui elle débute une longue liaison. Publie en 1905 Poèmes de la mer et du soleil.. Suivent 3 romans : Un Amour ; Un Inceste ; Une mort (Trilogie de l'Amour et de la Mort). En 1908, étude théorique : De la tragédie et du vers classique, et un recueil : Poèmes d'orgueil. Elle écrit une tragédie : L'Agonie de Messaline (pub. en 1929). En 1910 : Une femme et le désir. Puis une trilogie dramatique, le Théâtre de la Femme. (Le Déchu, pub. en 1909). Suivent : L'Orbe pâle (1911), La Soif et les Mirages (1912),. Elle expose aux Indépendants, proche des Nabis. Elle adhère au futurisme et publie ses virulents Manifeste de la femme futuriste, et Manifeste futuriste de la luxure (Réed. par les éd. Séguier, 1996). Elle organise des "soirées apolloniennes" dans son atelier Avenue de Tourville à Paris. Elle s'intéresse à la danse, et met en scène sa "Métachorie" à Paris en 1913 et au Metropolitan Opera de New-York en 1917. En 1924, elle s'installe en Egypte sous le nom de Rawhiya Nour-el-Dine (Zélatrice de la lumière divine), du côté musulman contre l'impérialisme et le colonialisme. (Voir Manifeste de la Femme futuriste, prés. par Giovanni Lista. Paris, Séguier, 1996).
Sa présence aux côtés d'Ida Séé et de Mercèdès Gaillaud dans les Annales méridionales est une divine surprise qui change du tout au tout la vision qu'on a de cette revue.
Notons encore, étayant l’implantation biterroise Etienne Arnaud, de Béziers. Le Dieu sans couronne, pièce héroï-comique en 3 actes en vers, jouée au Théâtre des Arènes de Béziers le 17 juin 1923, en collaboration avec Pierre Jalabert. Musique de Marc Delmas. Et, en 1927, Emile Barthe publie aux Ed. des Pages d'Oc à Béziers une adaptation occitane d'une de ses pièces : Lous rasims de luno. , tres actes en vers.
Autres biterrois identifiés : Rigal. Hortala. G. Beaume, Gaubert (?) ;..
SOMMAIRES :
n° 1, 6 janvier 1907[In La Vie Montpelliéraine et in Le Midi Mondain]
Etienne Arnaud (Mécomptes de Noël), Charles Bordes (Chansons et danses populaires basques), Pierre de Capite (Chronique cynégétique), Raoul Davray (Chronique), René Disonneaux (Chroniques), Albert Eloy-Vincent (La Légende natale), Mlle Mercédes Gaillaud (Féminisme et individualisme), Joseph Grasset (Les demi-fous : Flaubert et Baudelaire), Pierre Grasset (Lettres de Paris), Frédéric Mistral (Le Terro d’Arle), Gabriel Montoya (Leur jeunesse), Louis Payen (L’Amour), Henry Rigal (Etre un arbre), Ida Sée (Lettre de Marraine), André Sourire (Chez le coiffeur), André Tudesq (Conte du bout de l’an).
n° 2, 13 janvier 1907
Etienne Arnaud (Le Tigre), Pierre de Capite (Chronique cynégétique), Félicien Champsaur (Baisers d’hier et d’avant), Raoul Davray (Chronique), René Disonneaux (Chroniques), Albert Eloy-Vincent (La Légende natale), Mlle Mercédes Gaillaud (Féminisme et individualisme), Charles Hellem (La Sortie logique), Pierre Hortala (Dentellière), Marcel Huguenin (Impressions d’Extrème-Orient), Lansade (Chronique financière), Paul Manivet (L’Ame du jardin), Marqué de Segras (Héraldique du Languedoc), Georges Millandy (Quand l’amour s’éveille), Henry Rigal (Feuillets d’album), Ida Sée (Lettre de Marraine), André Sourire (Chez le coiffeur), André Tudesq (Lettre de Paris), Pierre Vierge (Quand l’été blond viendra)
n° 3, 20 janvier 1907, [In La Vie Montpelliéraine et Le Midi Mondain]
Georges Beaume
(Paul-Hubert), Pierre de Capite (Chronique cynégétique), Léopold Dauphin
(Chez M. Vauthrot), Raoul Davray (Chronique), Lionel Des Rieux (Les Neuf perles de la couronne), Albert
Eloy-Vincent (La Légende natale),
Etienne Gervais (Chroniques musicales),
Joseph Grasset (La Responsabilité
atténuée devant la loi), Pierre Grasset (Lettres de Paris), Lansade (Chronique
financière), Mario Pécheral et Poussigue-Meyrel (Chanson câline), Péladan (La
Santé dans l’art), Jean Pola (La
Transformation économique du Languedoc), Henry Rigal (Feuillets d’album), Ida Sée (Lettre
de Marraine), André Sourire (Chez le
coiffeur), Pierre Vierge (Lamartine à
Marseille)
n° 4, 27 janvier 1907
Henry Bauquier (Anathème à Eros), Georges Beaume (Paul-Hubert), Jean Cairel (Les demi fous), Pierre de Capite (Chronique cynégétique), Louis Combes (Feuillets de tristesse, pour piano), Raoul Davray (Chronique), Albert Eloy-Vincent (La Légende natale), Joachim Gasquet (Vers dorés), Ernest Gaubert (Le Songe de Sylvia), Pierre Grasset (Le Journal de Pierre Daumis), Lansade (Chronique financière), Paul Mariéton (Simplicité), Marie de Sormiou (Aux insectes très subtils), Paul-Hubert (Bords du Lez), Péladan (La Santé dans l’art), Henry Rigal (L’Hiver), Dr Jean Sansterre (Impressions de bled), Ida Sée (Lettre de Marraine), André Sourire (Chez le coiffeur), André Tudesq (Lettre de Paris)
n° 5, 3 février 1907
Pierre de Capite (Chronique cynégétique), Francis Carco (Poème à un ami), Raoul Davray (Chronique), J. Eggimann (Chez Vayson), Albert Eloy-Vincent (La Légende natale), Mercédès Gaillaud (La Séduction), Etienne Gervais (Ernest Reyer), Pierre Grasset (Lettre de Paris), Gabriel Montoya (Le Sport), Alexis Mouzin (Les Fresques du Palais des Papes), Henry Rigal (Le Masque, nouvelle), Valentine de Saint-Point (Deux moines de la Renaissance), Ida Sée (Lettre de Marraine), André Sourire (Chez le coiffeur), André Tudesq (Pour bercer nos mélancolies)
Pas de trace d’un n° 6.
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