1909 Le Dard, organe des étudiants
Siège : Imprimerie coopérative ouvrière, 11 avenue de Toulouse, Montpellier.
Pages de publicité avec entre autres, celle de Louis Lèbre du Vigan (ce militant des Droits de l'Homme soutient Le Dard comme il a soutenu Pan). )
Cette revue,
dont le seul numéro paru est daté de juillet 1909, est peu bavarde sur
elle-même. Pas de responsables ni d’adresse propre, rien.
A peine, un
éditorial collectif affirme la volonté de "réunir des productions littéraires".
En fait, il s’agit bel et bien d’une résurgence montpelliéraine de la revue montpelliéraine Pan, devenue parisienne.
Sur ses six
collaborateurs signataires, cinq ont déjà participé à Pan.
D'emblée, nous sommes loin, très loin, de la pochade étudiante. Jean CLARY, dès la première page, écrit un rêve lourd et noir dans une fumerie d'opium. "L'aiguille, lourde d'opium noir... et c'est la vingtième pipe..."
Immédiatement après, Joël DUMAS nous donne un long article (Cerrtains) sur Jean Moréas (qui va mourir dans quelques mois) et la bohème littéraire parisienne. Dumas, invité par la revue Vers et Proses à La Closerie des Lilas y rencontre Paul Fort. Ils parlent de Pan "fondé avec Jean Clary [et Carco?] et qui n'a pas réussi à Montpellier ... peu de ventes..." Dumas fustige "les soi-disant intellectuels montpelliérains qui fréquentent le Café de France" [Ce n'est pas un bon début pour attirer une clientèle au Dard !] . À Paris aussi, des mufles, dit Paul Fort. Arrivent Jules Romain, Charles Vildrac, E Cottinet, F.T. Marinetti, F.A. Cazals (le verlainien) , Maurice Maindron, Toussaint-Lucca avec Guillaume Apollinaire et Max Jacob, Jean Royère, Paulk Castiaux... [Que disent en 1909 ces noms aux étudiants de Montpellier?]
L'arrivée de Jean Moréas fais tomber la conversation. "Je fus déçu". Moréas dénigre Viellé Griffin, Verhaeren, Francis Jammes... Et malgré le champagne et le souper payé par Le pélerin passionné, Joël Dumas est décidément déçu.
La revue continue avec deux poèmes de Paul SENTENAC Sous l'oeil des Barbares [Maurice Barrès quand tu nous tient!].
Marcel RIEU, lui, est plus original, beaucoup plus original. La mort suinte aux pierres est, en prose un CIMETIÈRE SUR LA MER auquel Paul Valéry ne pense pas encore.
"Une vague passe et meurt, puis une autre, une autre encore, toujours..."
"Ce triple infini qui m'accable : la mer, le silence, la mort..."
Un certain Henry CHARPENTIER assume Baudelaire et nous donne deux Fleurs du mal surnuméraires.
Joël DUMAS parle encore de sa chambre parisienne, triste malgré ou à cause des gravures de Félicien Rops et d'A Rouyveyre.
Deux sonnetrs encore, non signés "X".
Une curiosité sur le diamant artificiel. Est-ce une vraie rubrique 'Sciences' ou une métaphore?
Et la revue rejoint l'ornière des journaux étudiants, polémiques mesquines (avec surtout Duplessis de Pouzilhac et son JOURNAL ÉTUDIANT.
Passons, passons puisque tout passe...
Émouvant DARD, qui n'a piqué qu'une fois, mais fort, pour notre souvenir.
Un exemplaire est mis en ligne par la Médiathèque Emile Zola de Montpellier : le seul que je connaisse.
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