9 novembre 2012

1625 : Rome s'inquiète des Protestants du Languedoc et des Cévennes. Récit d'un voyage sans pittoresque.

François VERON: Voyage missionnaire en Languedoc et Cévennes en 1625
            Voici une petite brochure imprimée à Rome en 1625 par Lodovico Grignani. Elle a 8 pages, et est en fait un abrégé (orienté) d'un texte de 32 pages publié la même année à Paris sous le titre : Relation du voyage au Languedoc du P. Véron envoyé du Roy pour la réduction des dévoyés, ou combats victorieux pour la religion catholique contre les ministres de Nismes, Montpelier, Béziers, Alès. 
Breve relatione del viaggio del P. Verone in Languedoc e nelle Sevenes

          Son auteur n'est pas n'importe qui!
          François Véron a 50 ans. Il est devenu jésuite en 1595, à 20 ans. A cette époque, la Ligue venait de perdre la guerre contre Henri IV qui préparait l'Edit de Nantes de 1598. La guerre prenait une autre forme, l'heure était au polémistes. Véron serait donc "le" polémiste des jésuites. En 1620, la situation politique change. Le duc de Luynes, favori plutôt accommodant avec les Protestants, est remplacé auprès de Louis XIII par Richelieu, beaucoup plus belliciste. Montpellier sera assiégé en 1622, La Rochelle prise en 1628. La Paix d'Alès de 1629 organise couci-couça une paix précaire.
          Le fait est qu'à partir de 1620, le roi ferraille contre les Protestants : François Véron quitte donc les jésuites, et devient Prédicateur du roi pour la polémique et parcours la France. En 1638, il prend une semi- retraite en devenant curé de Charenton, une des places fortes du protestantisme.
          Il est l'auteur d'une centaine de publications, dont un Abrégé de l'art et méthode nouvelle de bailloner les ministres de France... qui est justement (ce n'est bien sûr pas un hasard) reédité à Montpellier cette même année 1625. Ce manuel du polémiste du P. Véron est connu à l'époque sous le nom de Véronique (si, si, comme la passe des toreros). 
          L'étonnant c'est pourtant que cette brochure soit traduite en italien et imprimée à Rome.
          Quel improbable lecteur de ce blog saura me dire si, avant la Guerre des Camisards (1702-1710 dates larges) on a publié à Rome d'autres textes sur les Cévennes?

Breve / relatione / del viaggio del P. Verone/ in Languedoc, & nelle Sevenes, man / datovi dal Rè Christianissimo per / la conversione de gli heretici.
Conferenze con ministri.
Conversione alla fede Cattolica delli baroni del Pouget, / Vendemian, &c. e d'altre persone principali, e altre / utilità di questo viaggio.
La Congregatione de Missionari, ò della Propagatione de la / Fede, fondata da i Stati generali di Languedoc; e propo / sitione di instituire una generale per tutta la Francia.
A l'Illustrissimo Cardinale Barbarino, nepote di Sua / Santità, Legato apostolico in Francia.
Per Francesco Verone, Predicatore del Rè per / le controverse, e dottore in teologia.
Ce qui se traduit en
Brève relation du voyage du P. Véron en Languedoc et dans les Cévennes, envoyé par le Roi très-chrétien pour la conversion des hérétiques. / Conférences avec des ministres [protestants] / Conversion à la foi catholique des barons du Pouget, Vendémian etc, et d'autres personnes principales et autres utilités de ce voyage. / La Congrégation des Missionnaires, ou de la Propagation de la foi, fondée par les Etats généraux de Languedoc, et proposition d'en instituer une générale pour toute la France. 

            Ce qui frappe à la lecture du texte, c'est son absence absolue de couleur locale. Aucun pittoresque, aucune anecdote, rien. La scène se passe n'importe où... 
Seuls quelques personnages émergent, ministres protestants en tête : 
Ministres protestants du Languedoc et des Cévennes combattus par François Véron en 1625
          Il y a là Jean Bansillon d'Aigues-Mortes, Jean Faucher de Nîmes, Jean de Croy de Béziers, Michel Le Faucheur, Daniel Pérols, Védrines et Delard de Montpellier, Courant et Desmarets d'Alès, Léonard Second de Vendémian (et Cournonterral), La Faye de Gignac, Chauve de Sommières et Hospitalis de Montagnac. Tout un synode! 

          Mais en l'absence totale de pittoresque, il nous reste quelques perles à ramasser sur les pas de Véron : 

            Ritornando carico di ricche spoglie de' nemici ... (Revenant chargé des riches dépouilles des ennemis de l'Eglise catholique)  : le premier mot est un cri de victoire. 
            Una conversione generale che si potria securamente sperare frà pochi anni de tutti gli heretici di Francia... (Une conversion générale qu'on peut surement espérer d'ici quelques années de tous les hérétiques de France...) : Cette conversion générale est le but exclusif recherché par les deux religions en présence. Pour les Protestants comme pour les Catholiques, il s'agit bel et bien de faire disparaître l'autre, de le tuer. Un roi, une loi, une foi : l'adage a été mis en oeuvre par les Protestants en Angleterre et dans les états d'Allemagne, par les Catholiques en Espagne et Italie. La France, elle, balance toujours. Bien sûr, les Catholiques ont une longueur d'avance. Mais l'Edit de Nantes tolère le bi-partisme religieux, et Henri IV, roi de droit, a dû se convertir pour devenir roi de fait. En le révocant, Louis XIV fera un pas de clerc qui relancera les guerres.
Méthode de conversion des Protestants
           Pericolosi e vari sono stati i combattimenti.  Il y a deux traductions possibles : à vaincre sans péril on triomphe sans gloire, mais aussi : tout danger mérite salaire

           Quanto al politico, attaccai in Alès capitale delle Sevenne, Montpelier, Beziers, Aigues-Mortes, Gignac, e per tutto la Provincia, i pastori d'errore nel mezzo de i loro Tempi, in presenza di tutti i loro seguaci... (Quant au politique, j'attaquais à Alès en Cévennes, Montpelier, Béziers, Aigues-Mortes, Gignac et par toute la province, les pasteurs d'erreur au milieu de leurs temples, en présence de tous leurs fidèles...)
           Notons d'abord deux orthographes précieuses. Véron écrit Alès et non Alais. Il écrit aussi Montpelier, qui se prononce Montpeulier, et non Montpellier qui se prononcerait Montpélier. Il témoigne ainsi de la prononciation locale, qui a perduré, malgré 'orthographe jusqu'à aujourd'hui. 
           Cette parenthèse fermée, il reste à imaginer Véron au milieu du temple protestant défiant le ministre et ses ouailles. 

           Stava qualche volta attentissimo il popolo à questo sfido; altre volte mormorava : à quanti pericoli mi sono esposto! (Le peuple était quelques fois très attentif à ce défi; d'autres fois il murmurait : à quels dangers ne me suis-je pas exposé!). Là aussi on voit très bien la scène. 

           ... Rifiutando la predica del loro ministro, in un Teatro, che io faceva drizzare alla porta dei tempi, mentre ch'il falso pastore faceva la sua buggiarda predica. (... réfutant le prêche du ministre, sur un theâtre que je faisais dresser à la porte du temple, pendant que le faux pasteur faisait son abominable prédication). Voici donc l'apparition du théâtre! Comme tous les Jésuites, Véron adore et utilise le théâtre. Les trétaux sont dressés sur la place du village.

          Predicavo in questo Teatro due hore, più meno (Je prêchais sur ce théâtre environ deux heures).

           I ministri... havevano falsificato la Scittura sacra, mutando, scancellando, aggiongendo... E dimostrava questo per l'oppositione di 12 Bibie, ò mutate, ò falsificate in diversi anni, prese dalle mani degli Hugonotti dei luoghi ove predicava (Les ministres avaient falsifié l'Ecriture sainte, changeant, effaçant, ajoutant... Et je démontrais cela par l'opposition de 12 Bibles, ou modifiées ou falsifiées au cours des ans, prises entre les mains des Huguenots des lieux où je prêchais.) Spectacle de camelot de foire : Véron demande leurs Bibles aux réformés qui sortent du prêche. On le voit ensuite littéralement jongler avec elles. Du grand art! 
Conversion massive des Protestants ou vantardise du Missionnaire?
          Oltre questi esserciti, e sfidi così publici, feci spargere per tutta la Provincia doi ò tre mila di questi cartelli di sfido, o thesi, e mandai un messaggero in tutte le città, e luoghi principali, per significare à tutti i ministri, in particolare per atto publico di notaro, in presenza di buon numero di Cattolici & heretici lo sfido mio... (Outre ces exercices et défis ainsi publics, je fis distribuer dans toute la province deux ou trois mille cartels de défi, ou thèses, et j'envoyais un messager dans toutes les villes et lieux principaux, pour signifier non défi à tous les ministres en particulier par acte public de notaire, en présence d'un grand nombre de Catholiques et d'hérétiques ...) Texte précieux qui rassemble tous les éléments en une phrase. D'abord, le rôle de l'imprimé (qu'on aimerait tant avoir, mais qui les aurait conservés?) : 2 ou 3000 cartels de défi distribués comme des tracts, ça doit faire sensation. Ensuite l'usage de l'acte notarié, le sacro-saint témoin de l'époque. Enfin, la nécessité de la foule, Catholiques et hérétiques mélés.

          La più numerosa parte de' ministri se n'è fuggita con gran vergogna (la plus grande partie des ministres s'est enfuie avec grande honte). En fait, les synodes protestants, conscients que les Catholiques avaient des possibilités d'édition très supérieure aux leurs, conseillent très souvent aux ministres de refuser ces joutes oratoires, dont la seule version orthodoxe risque d'être publiée. 

          ... per lo spatio di nove mesi in Languedoc e nelle Sevenes (durant l'espace de neuf mois en Languedoc et dans les Cévennes). Pendant 9 mois, dans cet espace limité au Gard et à l'est de l'Hérault, Véron n'a pas du passer inaperçu! 

          Molte migliaia hanno conceputo grandi dubbi della loro fede, e inchinano molto à ritornare alla Chiesa santa (Plusieurs milliers (de Protestants) ont conçu de grands doutes sur leur foi, et inclinent fortement à retourner au sein de la sainte Eglise). Il est vrai que durant les années 1620-1680, les effectifs protestants diminuent en France. Mais il faudra attendre (!) 1685 pour voir des "conversions" (!) par milliers.

           Tre altri baroni... alcuni Maestri de Compti in Montpelier... quasi tutti gli offitiali regi di questa camera... quaranta famiglie in Nismes... vinti ministri... (Trois autres barons... quelques Maîtres de la Cour des Comptes de Montpellier... presque tous les officiers royaux de cette Chambre... quarante familles de Nîmes... vingt ministres... [se sont convertis]). Y avait-il des ratons-laveurs à cette époque dans le sud de France? 

            Vinti ministri sono risoluti di abjurare l'heresia, pure che si dia loro qualche pensione (Vingt ministres sont résolus à abjurer l'hérésie, pour peu qu'on leur donne quelque pension). Ce moyen de conversion a été très largement utilisé au XVIIe, et avec succès! 
Une Congrégation pour la Propagation de la Foi en France ?
           Le reste du texte réclame la fondation d'une Congrégation française de la Propagation de la foi, avec, bien sûr, ses supérieurs et son financement. 
           On parie que Véron est candidat!
           Il existe un exemplaire de cette brochure à la BNF.

3 novembre 2012

LE DEVOIR DU PEUPLE EST D'OBEIR ! CHAPTAL et son CATECHISME DES BONS PATRIOTES , Montpellier, 1790 :


Catéchisme des bons patriotes de Chaptal. 1790

Voici un livre qui n'est pas inconnu : 3 exemplaires sont recensés dans des bibliothèques publiques : Paris, Avignon et Montpellier.
C'est le
CATECHISME A L'USAGE DES BONS PATRIOTES,
par M. J.-A. CHAPTAL, Président du Club des Amis de la Constitution et de l'égalité de Montpellier.
Publié à Montpellier, chez Tournel, imprimeur du Club, M.DCC.XC.

Entre le titre et l'adresse, une devise, qui sera reprise en bandeau au début du texte :
LA NATION,
LA LOI
ET LE ROI.
Il s'agit d'une brochure in 12° de 90 pages, dont les cahiers B et D sont imprimés sur papier bleuté. 
Chaptal professeur de chimie à Montpellier

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En 1790, Jean-Antoine CHAPTAL est un jeune prodige (il est né en 1756). Docteur de la Faculté de médecine de Montpellier depuis 1777, sa réputation de chimiste est si bien établie à Paris que, pour l'attirer à Montpellier, les Etats de Languedoc créent pour lui en 1781 (il a 25 ans) une chaire de chimie à Montpellier.
Ses études de chimie appliquée à l'agriculture, et surtout à la viticulture et à l'œnologie l'amènent à proposer le sucrage des moûts, qui s'appelle désormais chaptalisation.
Anobli par Louis XVI en 1787, il sera aussi ministre de l'Intérieur sous le Consulat, sénateur et comte de Chanteloup sous l'Empire, pair de France, titre conservé sous la Restauration.
Industriel, il crée à Montpellier une des usines chimiques les plus importantes du Sud de la France.
En  mai 1790, il participe à la prise de la Citadelle de Montpellier, et crée la Société des Amis de la Constitution (sa noblesse ne date que de 3 ans). En 1793, il est arrêté à Paris pour fédéralisme, mais relâché aussitôt : c'est lui qui dirige la fabrication des poudres et salpêtre. Il est même nommé professeur à l'Ecole Polytechnique.
Georges Washington, son ami, le réclame plusieurs fois aux Etats-Unis. Il n'ira pas. Il meurt en 1832.
Qu'est-ce que Dieu?

Cet opuscule est le début de sa carrière politique. Sa faible diffusion, locale, est sans doute destinée à le faire élire administrateur de l'Hérault (objectif atteint en 1794).
Ce Catéchisme est une suite de questions-réponses.
La première, comme il se doit, est :
Qu'est-ce que Dieu?
Réponse : Dieu est le premier et le Souverain des êtres. Il a créé le ciel, la terre et tout ce qui existe dans cet Univers.
 La seconde question nous apprend que Dieu possède la toute puissance et la souveraine bonté.
Qu'il s'en contente et s'en réjouisse, c'est tout ce qu'on lui concède : Spinoza est passé par là, on n'entendra plus jamais parler de Dieu dans ce catéchisme.
Tout le reste du Catéchisme est un mélange de projet de Constitution et de traité d'économie politique, fortement influencé par les thèses agronomistes.
Voici quelques extraits des passages les plus riches et les plus savoureux :
La reproduction est une des fins de l'homme : "Le plaisir attaché à cette fonction, dans toutes les classes d'individus, invite  tous les êtres à se reproduire (p.11).
Pays et coutumes : Les hommes qui habitent ce globe sont tous frères… Ils ne devroient donc faire qu'une grande société : mais la différence des climats apporte des modifications infinies dans le physique et le moral des individus. On a donc établi des sections qu'on a appelées ETATS.. (p. 14).
Les lois doivent varier selon le temps, les circonstances, les lieux (p. 15).
Révolution industrielle et Révolution politique : Le peu de prospérité de la France pendant les siècles qui nous ont précédé  est due au peu d'harmonie qui a régné entre les divers membres de l'Etat  (Clergé, noblesse et roture d'une part, industrie,  agriculture et commerce d'autre part)  (p. 17).
Deux cent familles qui entouroient le trône s'emparaient de tout l'or, de tous les emplois, de toutes les grâces (p. 18).
On nomme des citoyens recommandables par leurs talens et leurs vertus… C'est cette élite de citoyens qui constitue l'ASSEMBLEE NATIONALE (p. 23).
Le despotisme le plus odieux : Chaptal
Chaptal ne refuse pas d'entrer dans les petits détails :
Les livrées domestiques :
Demande : Mais du moins, un seigneur étoit bien libre de marquer ses serviteurs par sa livrée ?
R : Lorsque les terres n'étoient cultivées que par des serfs, les seigneurs leur attachoient le sceau de l'esclavage, en les marquant à leurs armes. Mais du moment que l'homme a été déclaré libre, il n'est plus permis de le flétrir en lui imposant les marques de la servitude (p. 25).
Il abolit aussi les droits de chasse et de pêche du seigneur : Ces animaux appartiennent à l'homme… Bien sûr, Si tout le monde peut chasser et pêcher..; Il est très vrai que le gibier disparoîtra de nos plaines … (mais) les bois, les montagnes en conserveront toujours… si on réprime le braconnage ! J'exclus la pêche par le poison (p. 28)
Biens du clergé : Lorsque la société a des besoins, elle peut et elle doit disposer des biens des individus qui la composent. Plus loin, à propos des propriétaires fonciers ou des industriels, Chaptal dira le contraire, leurs propriétés étant sous la sauvegarde de la Nation… Il est vrai qu'ici, il emploie un syllogisme assez sommaire : Ces biens ont été donnés à l'Eglise. La réunion des Français forme l'Eglise. Donc…!
Ainsi dégagés des soins des biens temporels, les ecclésiastiques auront plus de temps pour remplir leur vrai mission d'éducation et d'exemplarité. Il y a là un certain cynisme.
Pour la désignation des ecclésiastiques, le peuple rechercher les bonnes mœurs et surtout la tolérance, qui s'accorde si bien avec l'évangile (sans majuscule),  la raison et l'humanité (p. 32).
Savant et matérialiste (il est aussi franc-maçon), Chaptal définit ainsi le rôle des ecclésiastiques (qui ont dû, à cette lecture, avaler l'hostie de travers) : La connoissance de tout ce qui intéresse son état (et on voit bien Chaptal balayer ironiquement ces occupations sacerdotales d'un revers de main) est sans doute indispensable ; mais combien seroient précieux des hommes qui, revêtus de ce saint ministère, auroient des notions précises sur l'agriculture, la médecine, l'histoire naturelle! ILS ENTRETIENDROIENT L'ORDRE ET LA PAIX ET ENRICHIROIENT LES CAMPAGNES (p.32). C'est moi qui souligne).
L'impôt, proportionné à chacun, doit être consenti par chacun. Même les propriétés inutilisées doivent être taxées. Ne pas semer un champ, ne pas louer une maison est un tort fait à toute la nation, et, en plus de la contribution normale, une amende doit être perçue. (Ceci est toujours d'actualité en 2011).
La dernière moitié de la brochure peut se résumer au choix (élection censitaire) et au rôle des représentants du peuple.
Si le peuple trouve un homme vertueux et éclairé qui se plaise, depuis long-temps, à servir sa patrie par tous les moyens qu'il a en son pouvoir… voilà l'homme qu'il faut députer (p. 41).
Si un citoyen administre ses propres affaires avec succès.. celui-là est digne de la confiance publique ((p. 68).
Le mandat impératif est interdit car si les députés étoient astreints à se conformer aux volontés de leurs commettans… il suffiroit d'envoyer des cahiers.
Et si l'Assemblée prend des décrets injustes, le peuple doit commencer par se soumettre et obéir … car il vaut mieux souffrir pendant 6 mois, que de donner le signal de la désobéissance et de manquer de respect et de soumission à ses législateurs. LE DEVOIR DU PEUPLE EST D'OBEIR car les suites d'un moment d'insubordination sont incalculables  (p. 45).
In fine, apparaît la question essentielle :
D. SERONS-NOUS PLUS HEUREUX DANS CETTE CONSTITUTION?
R. SI NOUS NE L'ETIONS PAS, CE SEROIT NOTRE FAUTE (p. 73).
D. Que nous reste-il à faire pour affermir notre bonheur?
R. Ne point décrier les opérations de l'Assemblée Nationale, respecter nos représentans, se soumettre à leur décrets, ne pas soulever le peuple, ne point l'aigrir…
Si ça, c'est pas du bon esprit!
Le problème, c'est qu'en 1790, Chaptal considère que la Révolution est terminée et aboutie. Mais pour le "peuple aigri", elle ne fait que commencer.
Finalement, ce Catéchisme aurait fait un tabac sous la Monarchie bourgeoise de Juillet. Ah! quel malheur d'avoir 40 ans d'avance!
A Montpellier, Chaptal ne fut jamais élu député. 
Chaptal ministre

16 octobre 2012

Encore un imprimeur candidat aux élections de 1848 à Montpellier : Xavier JULLIEN, esprit confus s'il en est

Xavier JULLIEN imprimeur de Montpellier candidat en 1848


Un nouveau tract électoral pour une élection de 1848.
Elle est signée par Xavier JULLIEN qui l'imprime lui-même. En effet, Joseph Eloi Xavier Jullien  est imprimeur Place Louis XVI, (actuelle place du Marché aux fleurs, derrière la Préfecture de Montpellier). Il a remplacé Jean-Germain Tournel comme imprimeur en 1822.  Il meurt en 1859, et sa veuve lui succède à la tête de l'imprimerie.

Sa proclamation s'adresse à tous les électeurs de la France, ce qui est le signe d'un esprit large. 
Le problème, c'est que ce qu'annonce Jullien est incompréhensible. J'ai beau lire et relire, à part quelques barbarismes, des phrases bancales une ou 2 fautes d'orthographe, rien, je ne comprends rien.
Peut-on lire, en filigrane, une histoire personnelle dans les récits d'enfants malheureux du début? C'est possible.
Mais le morceau de choix, c'est ce qu'il demande aux grands hommes candidats. C'est en fait de décrocher la lune ou de tout faire sans aucun moyen. L'embêtant, c'est qu'il est impossible de dire s'il s'agit d'un passage ironique ou sérieux.
La dernière demande, sur la comparaison du temps de travail (peut-être du salaire) des ouvriers comparé à celui des paysans est énoncée de telle façon qu'il est impossible de deviner ce qui, dans l'esprit de Jullien, est bien et ce qui est mauvais.
Le charabia du dernier paragraphe, c'est du Comte de Champignac.
Le problème, c'est que tout ça a l'air clair comme de l'eau de roche et bigrement important pour Jullien.

Pour nous, l'important, c'est que sur 6 imprimeurs à Montpellier en 1848, deux sont candidats aux élections, ce qui donne pour la profession une proportion qu'aucune autre n'atteint, si haut placée soit-elle dans la hiérarchie sociale. 
Les imprimeurs se sentent décidément faire partie d'une aristocratie du peuple.

15 octobre 2012

BALIVERNES MERIDIONALES : une revue nulle et minable à Montpellier en 1867.


BALIVERNES MERIDIONALES, journa, Montpellier 1867



Voici la collection complète d'une revue née des réformes libérales de Napoléon III en 1867 :  
BALIVERNES MERIDIONALES.
Il n'y a eu que deux numéros.

Le directeur-gérant est un nommé BOURGADE, domicilié, comme le journal et comme L'Eclair (cf. ci-dessous) au 10 rue Fabre à Montpellier.
Toute la revue se limite à l'énoncé de ses bisbilles avec le directeur  du théâtre de Nîmes qui, semble-t-il, refuse de programmer une de ses pièces, "Lionel Richard". 
A la fin du 2ème numéro, Bourgade met de l'eau dans son vin en offrant gratis aux Directeurs de théâtre la représentation de sa pièce "susceptible d'un grand succès".
Balivernes méridionales

Ce BOURGADE est par ailleurs un petit peu connu sous son pseudonyme de CHEVALIER Charles DE MAUCOMBLE. Le Clerc, dictionnaire de biographies héraultaises, sous ma plume (comme quoi, on peut toujours s'améliorer) ne sait pas que ce titre ronflant est un pseudonyme. Mais il cite de lui : Mémoires d'un supplicié, une éducation (Montpellier, 1861). Ce petit livre est un livre atrabilaire de quelqu'un qui semble, à tous points de vue, avoir souffert de son éducation. Mis en pension par ses parents, il subit les brimades de ses compagnons et de ses professeurs. Mais la description des faits donne la féroce impression d'être en présence d'un paranoïaque délirant.
Je présenterai mieux ce livre (lu il y a trop longtemps) dès que je remettrai la main dessus.

Mais revenons aux BALIVERNES MERIDIONALES.
L'édito du n° 1 est un lamento sur la censure effective des imprimeurs. En effet, "même en payant d'avance" et malgré l'approbation de l'autorité, les imprimeurs sollicités, peu confiants dans la libéralisation du régime, ont refusé d'imprimer la revue.
Celle-ci paraît donc sous forme de manuscrit lithographié par N. Arles, de Montpellier.

La revue est associée au journal L'Eclair, un journal "méridional, littéraire, commercial, charivarique et financier" édité à Sète , et dont il ne paraîtra jamais que 10 numéro. C'est donc la charité qui s'appuie sur l'hôpital. Le second article est une apologie du même Eclair à l'intention des Nîmois, qui d'ailleurs n'en ont pas voulu, et qui a dû se réfugier à Sète ! Montpellier, où sont officiellement domiciliés les 2 feuilles, 10 rue Fabre (l'adresse de Bourgade) , ne semble pas plus accueillant.

Les pseudonymes sont impénétrables : Bradamanti, Tortillard, Roderic-Ribérac, Castille, Lebrun de Roquemaur. A moins que tous ces noms soient des masques de Bourgade, seul. 

Ce que confirmerait un appel in fine du N° 1  : "On demande des écrivains"!  Le besoin est évident !!
Le contenu de la revue est désespérément nul, uniquement préoccupé de  l'apologie de Bourgade et de ses œuvres.
Même les dessins sont nuls !

Rien à en tirer, mais la revue est rare ! On comprend pourquoi. Mal vendue, minable, sans contenu, on se demande pourquoi quelqu'un l'aurait conservée.
Si c'est pour autoriser de telles platitudes que l'Empire s'est libéralisé, c'est à décourager toute velléité révolutionnaire ! 

Il fallait pourtant en dire deux mots.

6 septembre 2012

Un imprimeur candidat aux législatives de 1848 à Montpellier : Jean-Antoine DUMAS

Profession de foi de l'imprimeur Jean-Antoine DUMAS, imprimeur à Montpellier en 1848
Les révolutions sont toujours une aubaine pour les imprimeurs : le brassage d'idées noircit tant de pages !
Voici donc une profession de foi parmi tant d'autres imprimées à Montpellier à l'époque. Mais celle-ci a la particularité d'être signée par un OUVRIER IMPRIMEUR, Jean-Antoine DUMAS.

Sur ce personnage, Hélène Foucault a édité une petite plaquette biographique. Mais ce n'est pas mon sujet d'aujourd'hui, et je me contente d'évoquer cette vie en deux mots, tirés des Bibliographies héraultaises de Pierre Clerc :
Jean-Antoine DUMAS (Montpellier 21 février 1799-13 sept. 1873). Chroniqueur, imprimeur et journaliste. Rédacteur unique à partir de 1834 des Annales de Montpellier et du Département de l'Hérault.
Ouvrier imprimeur chez P.P. Bompar, 1 Place du Marché-aux-Fleurs, il lui succède en 1850. En 1853, il installe son imprimerie 12 Place Croix-de-Fer (actuelle Place de l'Observatoire).
Par manque d'activité, il ferme cet atelier, et reprend en 1859 l'imprimerie de Tournel aîné.

Mais quelles sont les motivations d'un ouvrier imprimeur pour se présenter à l'Assemblée Nationale?
Je vais suivre pas à pas sa proclamation Aux Electeurs du Département de l'Hérault.

Ça commence comme un discours du comte de Champignac, ou, si l'on redoute les anachronismes, de M. Prudhomme. On voit une noble et majestueuse phalange d'écrivains, de politiciens et de savants qui s'avance avec calme et résignation ...  Cette résignation surprend, mais si on pense que dans l'Hérault, une centaine de candidats se disputent 4 postes, on comprend mieux.
Mais la Société ne se compose pas seulement de millionnaires, de savants, ou de poètes... Il y a aussi des ouvriers. Il doit donc y avoir des candidats ouvriers pour que l'Assemblée Nationale soit le tableau vivant de la société. 
Ensuite, Dumas raconte ses engagements démocratiques, que tout le monde peut vérifier puisqu'il les publie depuis 14 ans dans las Annales de Montpellier et du département de l'Hérault.

Profession de foi de l'imprimeur Jean-Antoine DUMAS, imprimeur à Montpellier en 1848
Et de développer son programme :
— Liberté des cultes : Sans religion, point de société possible.
— "Je suis ouvrier imprimeur!... c'est dire assez que je veux la liberté de la presse.
— Pas de députés-fonctionnaires !
— Organisation des Prud'hommes pour régler les conflits du travail.
— Règlement des petits procès au niveau des juges de paix et non des cours d'assises.
— Suppression des ateliers de travail dans les prisons.
— Diminution de tous les salaires supérieurs à 2000 francs.

Profession de foi de l'imprimeur Jean-Antoine DUMAS, imprimeur à Montpellier en 1848
L'appel final est un pathétique appel à laisser une place pour l'ouvrier dans la représentation nationale, après, bien sûr avoir élu le commerce, les lettres, les sciences, la politique et le clergé.
C'est bien peu.

30 août 2012

PAN, revue littéraire de Montpellier, publie en 1908 APOLLINAIRE, SAINT-JOHN PERSE, MARINETTI, CARCO, et bien d'autres! En éditions originales, bien sûr...

PAN, revue littéraire. Montpellier, 1908

1908  PAN, revue libre. Montpellier 
              Voici une revue littéraire publiée à Montpellier en 1908 et qui ne manque pas de panache.
               Sa présentation a fière allure. Format 25 cm, 120 pages environ sur papier vergé par numéro, couverture sobre et classieuse... 
               PAN, revue libre fondée par Francis Carco, Joël Dumas et Jean Clary. 
               Le sommaire est on ne peut plus prestigieux. 
On va y trouver des textes de Guillaume Apollinaire, le premier texte publié par Saint-John Perse, Filippo Tomasso Marinetti , Valère Bernard, Mécislas Golberg, Lucie Delarue-Mardrus, Pierre Grasset, Guy Lavaud, Louis Payen, Louis-Frédéric Rouquette, Jean Royère, Emmanuel Signoret, et bien sûr Francis Carco. 

Description :
PAN : revue libre paraissant tous les deux mois.
Direction : Joël Dumas, Jean Clary, Francis Carco.
Secrétaire administratif : Emile Pietrera
10 rue de l’Observance, Montpellier
Gérant : E. Montane
Impr. Firmin, Montane et Sicardi, Montpellier
Prix Un franc. 
16 x 25 cm. Couv. blanche, titre rouge, flute de Pan.
A l’intérieur, 4 pages de publicités montpelliéraines (et viganaise) sur papier couleur.
[D’après le n° 2]

Tables :
Dans le n° 6, table des 6 premiers numéros.

Variations :
Rédaction : Francis Carco disparait de la rédaction à partir du n° 5. Joël Dumas à partir du n° 6. Marcel Rieu devient alors co-directeur avec Jean Clary, qui est également rédacteur en chef.
Maquette : Changement total de couverture avec l’implantation parisienne au n° 1 et 2 de janvier 1909. Le sommaire figure désormais sur la première de couverture, la vignette est différente, l’adresse figure au bas.
Adresse : A partir du n° 6, la revue est domiciliée chez Jean Clary : 35 rue de Trévise, Paris.  A partir du n°1 et 2 de janvier 1909, une adresse administrative est donnée, celle de l’imprimeur, 25 rue Serpente, Paris.
Imprimeur : Alors que la revue porte une adresse parisienne dès le n° 6, il faut attendre le n° suivant, 1 et 2 de la 2e année pour qu’elle soit imprimée par l’Imprimerie du 20e siècle, à Paris.
Périodicité : A partir de 1909, la revue est annoncée comme paraissant chaque mois.
Publicités : Les publicités disparaissent avec le n° 1 et 2 de la 2e année, lorsque la revue devient parisienne.
PAN, nouvelle série après sa migration parisienne : 1909


Les Piliers de la revue :
Francis CARCO C’est à Rodez que Carco rencontre Jean Clary, fils comme lui d’un receveur des contributions. En 1907, il tient le rôle d’un moine dans le drame de Roger Frène La Cathédrale joué sur le parvis ruthénois. Il collabore en 1908 au Cri de la terre, le journal éphémère du peintre-graveur Eugène Viala. Devenu parisien, il crée L’Ile sonnante à Paris en 1909 toujours avec Frène et Michel Puy. Ce réseau des amitiés aveyronnaises est à la base de la revue Pan..
                  En ce qui concerne ses contacts avec Montpellier, rappelons qu’il avait déjà participé, de Rodez, en janvier 1907 aux Annales méridionales de Raoul Davray (nous l'avons déjà rencontré) avec “une élégie lamartinienne”. Pourtant, son séjour à Montpellier reste mystérieux... Louis Thomas écrit dans Les Nouvelles littéraires du 7 avril 1928 : Nous savions déjà par un article de M. Carco lui-même qu’il avait fait dans notre ville une période [militaire?] de 28 jours, et peut-être aussi son service militaire. Mais qui nous parlera en détails (horribles détails peut-être?) de son séjour à Montpellier?” Ni Clary, déjà mort quand paraissent ces lignes, ni Joël Dumas, les co-fondateurs de Pan ne semblent avoir parlé de cet épisode. Et Raoul Davray, pourtant fondateur des Annales méridionales qui accueillent Carco en 1907, ne dévoile rien non plus ni lorsqu’il revient sur cette revue dans La Vie montpelliéraine du 9 nov. 1929, ni en 1938 lorsqu’il écrit  La Chape de plomb, recueil d’articles et de souvenirs. Apollinaire, qui consacre le 1 juin 1914 une “Anecdotique” du Mercure de France à Carco, ne parle pas de la revue Pan. 
                Il semble n’avoir été pour la revue qu’un détonateur efficace et éphémère.
SES TEXTES PUBLIES ICI : Dès le n° 3, sa contribution est datée de Grenoble, où il fait son service militaire, et dédiée au peintre Charles Eymar, une des figures les plus curieuses et les plus attachantes du Montpellier de l’époque.

Jean CLARY  : (De son vrai nom Henry Rouquayrol, Saint-Genyés-d’Olt, 13 juil. 1880 - Neuilly, 27 juil. 1925) : Après son enfance aveyronnaise et son passage à Montpellier, il s’installe à Paris en 1909. Son livre D’or et de soleil est achevé d’imprimer le 15 mai 1908. Le recueil est dédié à Joël Dumas. Des poèmes le sont à Emile Cottinet, Marcel Rieu, René Rivière, Jean Tallez, Louis Vassal, René Collière, Louis Combe, Alexis Lauze, Marc Ollier de Marichard, Charles Eymar, Francis Carco, la plupart collaborateurs de  Pan. En 1910, paraissent aux Editions de Pan : Quelques lames de la mer sauvage. La revue publie ensuite dans ses pages Les désemparés, roman écrit en collaboration avec Marcel Rieu, qui ne sera jamais édité en volume. Jean Clary cesse définitivement d’écrire dès le début de la guerre de 1914.
                Il a incontestablement été la cheville ouvrière de  Pan, sans doute à la fois rédacteur en chef et secrétaire de rédaction.
                En 1995, les éditions Jacques Brémont publieront une étude de Jean Digot : Trois du Rouergue : Jean Clary, Roger Frène, Léo d'Orfer. 

Joël DUMAS : Né à Narbonne en 1885. Il publie chez Grasset, en 1908, un recueil de poèmes : Délicieusement dédié à Henry Rouquayrol, c’est à dire Jean Clary. Un des poèmes de ce recueil est dédié à Charles Lèbre, fils d’un marchand de vins viganais qui soutient la revue Pan en y insérant sa publicité. En février 1908, il file, selon L’Etudiant (n°128) le parfait amour sur les bords de la Loire avec une femme délicieusement  belle.
                En 1910, les Editions Pan, désormais 25 rue du Couedic à Paris, publient : Quatorze poèmes pour exalter mon désir. La Vie Montpelliéraine du 18 sept 1910 déplore : “Dans quelques autres [vers], Joël Dumas laisse entendre qu’il va s’enfouir - si ce n’est déjà fait - dans la sombre pénombre d’une étude notariale” à Versailles. Toute sa vie, il gardera des liens étroits avec Raoul  Davray, qui avait montré la voie à  Pan avec ses Annales méridionales. Il continue à collaborer à diverses revues :  Isis, L’Ile sonnante, Hélios, Le Divan... et publie régulièrement des textes dans La Vie Montpelliéraine, dont un Noël dédié à Toussaint Luca (un des rédacteurs de Pan).
               Il publie un texte daté de Bizerte, oct-déc. 1906, qui fait référence à L’Immoraliste de Gide.
               En juillet 1909, dans Le Dard, il reviendra sur l’aventure de Pan, et racontera ses rencontres à Paris en 1907 avec Apollinaire, Moréas, Marinetti;..

Emile Piétréra  : Une fois terminé son secrétariat administratif de  Pan, Emile Piétréra sera commissaire de police aux  Sables d’Olone. En 1920, il devient “commissaire de police à la gare Saint-Lazare, chargé de la police spéciale des souverains étrangers venant en France”. 
               L'équipe semble avoir des rapports chaleureux :  Le n° 125 du 1 février 1908 de L’Etudiant (de Montpellier) nous relate un banquet de thèse qui pourrait être bien anodin, si les convives n’étaient que joyeux étudiants. Mais les invités de MM. Lèbre et Albat ont nom : Marcel Rieu, Emile Piétrera, Jean Clary, Joël Dumas, et Francis Carco, tous de la revue PAN, avec Charles Eymar et Louis-Frédéric Rouquette.

Les auteurs phares de la revue PAN :
Toussaint-Luca parle d'Apollinaire. Pan, n°5, septembre 1908

Guillaume Apollinaire :
                En septembre 1908, Pan publie une longue étude de Toussaint-Luca sur Guillaume Apollinaire, qu’il a connu au lycée de Nice en 1897. Il y annonce la parution, demain, d’un recueil : Vent du Rhin, préfiguration des Rhénanes. Une comparaison avec Montaigne, au flegme serein et fantaisiste, bon et paradoxal, sincère et renaissant, le place au rang de fantaisiste le plus érudit de France. L’article consacre une large part au Festin d’Esope, la revue fondée par Apollinaire à laquelle Toussaint Luca a participé aux côtés de Han Ryner, André Salmon, John-Antoine Nau.                      L’évocation du poète dans sa maison du Vesinet au milieu de ses livres rares, de ses pastels, croquis, essais, tableaux des maîtres de la peinture... est savoureuse. Enfin, le rôle d’Apollinaire auprès de Matisse, Picasso, Laurencin, Derain, Friesz, Braque ou Van Dongen est souligné pour célébrer sa modernité. Toussaint-Luca est sans nul doute celui qui amène Apollinaire à Pan. : il est (ou sera) sous-préfet à Lodève.
               Dans le numéro suivant (n° 6, novembre 1908), PAN publie un long poème d'Apollinaire en édition originale  : Fiançailles. Dans Alcools, en 1913, le titre sera : Les Fiançailles et sera dédié à à Picasso
FIANCAILLES de Guillaume APOLLINAIRE. Pan, novembre 1908

FIANCAILLES de Guillaume APOLLINAIRE. Pan, novembre 1908

Valère Bernard : Peintre, graveur, poète et romancier (en français et en occitan). En 1908, il est déjà un maître consacré dans tous ses domaines d’activité. Ami de Rodin, Puvis de Chavannes, Huysmans, Jean Lorrain... Il fréquente Paul Souchon (du Caveau du Dix  de Montpellier qui traduit en français ses textes occitans lors de leur publication dans La Plume dès 1896 ou Le Feu d’Emile Sicard en 1905). Il correspond dès 1904 avec Marinetti qu’il a connu à Paris et qui publiera son adhésion au futurisme dans Poesia, à Milan,  à l’automne 1910. C’est un ami de Guy Lavaud et de Vielé-Griffin, autres collaborateurs de Pan.  Capoulié (président) du félibrige en 1909, il remplace alors Pierre Devoluy. Tous ces liens font que sa participation à la revue ne nous surprend pas.
Poèmes du capoulié VALERE BERNARD sur des dessins de RODIN 

Abel Bonnard : Entre 1909 et 1912, il collabore à la revue d’obédience maurassiene Les Guèpes qui édite aussi Carco, Roger Frène, Louis Thomas ou Guy Lavaud, que nous retrouvons dans Pan. Il est proche des courants de la poésie naturaliste de Léo Larguier et Maurice Magre.

Lucie Delarue-Mardrus (1880-1945) : En 1908, elle a déjà publié Occident (1900), Ferveur  (1902), Horizons (1904), et  La Figure de proue (1908) qui fait l’objet de la chronique de Jean Clary. En 1912, se retrouve avec un autre collaborateur de Pan, Louis Payen pour signer une comédie en 4 actes : La Monnaie de singe.

Filippo Tomasso Marinetti : Dirige la revue Poesia, à Milan. Son Manifeste futuriste sera lancé en 1909. Pour le moment, c’est Roi Bombance (1905, Mercure de France) et plusieurs recueils de poésies qui sont publiés à Paris. Il collabore régulièrement à La Plume.

John-Antoine Nau (1860-1918) : Lauréat du premier Prix  Goncourt avec Force ennemie en 1903. Avait en 1904 publié des poèmes : En suivant les goélands.

Saint-John Perse Alexis Léger signe ici Saint Léger-Léger. Les trois poèmes Des villes sur trois modes ne seront pas repris dans les œuvres complètes. Frédéric Jacques Temple m'a raconté avoir demandé à Saint-John Perse la possibilité de rééditer ces textes dans une de ses revues, autorisation refusée, le poète de la maturité ne se reconnaissant pas dans ces textes d'un adolescent de 16 ans ! 

Louis-Frédéric Rouquette : né à Montpellier le 19 août 1884, mort à Paris le 10 mai 1926. Il est admis en 1900 à l’Ecole des Beaux -Arts de Montpellier. Premières armes, son premier recueil, parait en 1901; en 1902, c’est A Mignonne toujours à Montpellier. Il quitte Montpellier pour Paris en 1907, et Paris pour... le monde en 1915. Mais la vie et l’œuvre du Jack London français sont de notoriété publique.  Son dernier livre sera La Chanson du pays.

Mécislas Golberg (1869-1907) : cet écrivain anarchiste polonais est un des maîtres à pensée de la première décade du XXe siècle. 

Francis Vielé-Griffin (1864-1937) : c'est l'ami américain des symbolistes et de Gide. Un écrivain reconnu en 1908. 

Jean Metzinger (1883-1956) a 27 ans lorsqu'il publie dans PAN n° 10  en octobre 1910 (à Paris, donc) une note sur la peinture qui théorise le cubisme : il en est un des fondateurs.


NOTES SUR LES AUTRES AUTEURS :
Charles Bordes : Né le 12 mars 1863. Musicien, créateur de la Schola Cantorum rue Saint-Jacques à Paris, puis, à partir de 1905 à Montpellier. Il allait mourir en 1909.
Léon Deubel  : proche du “synthétisme” de Jean de La Hyre, mais surtout ami de Charles Cros. Membre, vers 1900, avec Louis Pergaud,  du groupe  Le Beffroi,  à Lille. Il collabore, bien sûr, à L’Ile sonnante, la revue parisienne du ruthénois Roger Frêne.
André Du Fresnois : crée en 1909 la revue Le Nain Rouge, avec Louis Thomas.
Charles Eymar  (Montpellier 1882-1944) : poète, musicien, mais surtout aquarelliste (lorsque son bras blessé lui interdit le piano). Styliste curieux, proche de Toulouse-Lautrec et de Dufy. Ami de Carco, de Valéry Larbaud, de Joseph Conrad...Il était, dans la vie, greffier au Palais de Justice.
Roger Frène  (1878, Rodez - 1939, Espalion en Aveyron) : Pseudonyme de Emile-Roger Fraysse. Il signe aussi parfois Georges Tournefeuille.  Son père était consevateur des hypothèques à Rodez (comme celui de Carco). Il devint lui-même receveur de l’enregistrement à Saint-Génies d’Olt. En  janvier 1901, il fonde à Albi la Revue provinciale qui dure 5 ans.  En 1906, il avait publié : Paysages de l’âme et de la terre (Ed. de la Revue provinciale) et, devenu parisien en 1908, Les sèves originaires (Libr. Perrin). En 1909, il crée  L’Ile sonnante, revue à laquelle participent Francis Carco, Léon Deubel, Louis Pergaud, Tristan Derème. La revue finit en 1914.  Son poème Les Nymphes, publié dans cette revue en 1910, est édité en 1921 par Francis Carco aux éditions Davis, avec des illustrations d’Amedeo Modigliani. (Voir :  Revue historique et littéraire du Languedoc, 1946, article de Michel Puy et Guy Lavaud  et l’ article de Francis Carco, in Les Nouvelles littéraires du 27 janv. 1939).
Pierre Grasset : (1881-1958) Fils du professeur Joseph Grasset, cousin de l’éditeur chez qui il publie Le Conte bleu en 1908.
Tristan Klingsor (1874-1966) : Simultanément à sa participation à Pan, il publie Valet de cœur. Il est assez connu pour qu'on n'en dise pas plus.
Guy Lavaud  (1883-1958) : Aveyronnais. Publie en 1946 un article sur Roger Frène. En 1908, il est  Chef de Cabinet du Gouverneur général de Monaco, et correspond avec Valère Bernard dont il organise une exposition. En 1907, ce néo-symboliste a publié aux  Editions de La Phalange : Du livre de la mort. En 1909,  La Floraison des eaux., en 1910, ce sera Des fleurs pourquoi...,  et en 1918 Sur un vieux livre de marine.
Sébastien-Charles Lecomte : “Parnassien pour la forme et romantique pour l’inspiration.”
Fernand Mazade  (1861-1939) : Né à Anduze, fait partie, avec Valéry et Anna de Noaïlles de la Pléïade méridionale. Avant de publier Dyonisos et les Nymphes aux Editions de Pan (Paris, 1913), il avait donné : De sable et d’or (1889), Arbres d’Hellade (1912), Athéna (1912), et une pièce, Belle au bois rêvant (1893). Il est aussi l’auteur d’une grande Anthologie des poètes français des origines à nos jours.
Paul-Hubert :  Son premier recueil, Verbes mauves est publié à Montpellier en 1898. Aux Tournants de la route (illustré par Louis Guigues et Joseph Durand) suit en 1901. Il a eu, en 1906, le prix Sully-Prudhomme de poésie pour Les Horizons d’or, poèmes du Languedoc,  chez Ollendorf. Il publie en 1908, chez Fasquelle  Au cœur ardent de la Cité.
Louis Payen : Albert Liénard (Alès, 1875- Epinay, juillet 1927), plus connu sous le nom de Louis Payen deviendra un écrivain important après son départ pour Paris.  Ses premières oeuvres sont publiées en 1895 dans  Le Cavô du Dix, à Montpellier. Après la fermeture du Caveau du Dix, un cénacle avec Richard Wémau, Joseph Loubet, Coulet, Paul Grollier, Edouard Perrin et Liénard, se réunit pour fonder La Coupe. A peine La Coupe fondée, Liénard part à Lyon et signe désormais Louis Payen. A Lyon, il fonde Germinal. Puis, il se fixe à Paris. Il lance Messidor, avec J. Duchamp et G. Casella. En 1900, il dirige La Revue dorée. Puis, il collabore au Mercure de France, à l’Ermitage. En 1903, il instaure les Samedis poétiques des Bouffes parisiens, qu'il reprendra en 1920, lorsqu'il sera administrateur du Théâtre Français. Le 14 déc 1906, il fonde, avec entre autres Ernest Gaubert et Dauriac, le Nouveau Théâtre d’Art, au café Soufflet (Paris), inauguré par sa Tentation de l’abbé Jean. En 1908, il crée La Victoire à Orange, reprise aux Arènes de Nîmes en 1911, pièce éditée chez Grasset. Ami de Jean Lorrain. Secrétaire de Catulle Mendès. En 1912, il co-signe avec Lucie Delarue-Mardrus une comédie en 4 actes : La Monnaie de singe. Il a composé des livrets pour Massenet, et à sa mort, était secrétaire général de la Comédie française.   Au physique, "il ressemble à Balzac". Voir : Midi Mondain, 11 déc 1910 : Louis Payen.
Charles Phalippou : originaire de Béziers, installé à Toulouse où il est un des fondateurs du Salon des Poètes méridionaux.
Louis Piérard : Dirige , à Mons, la revue belge : La société nouvelle.
Michel Puy :  Aveyronnais. Rédige en 1946 un article sur Roger Frène.
Emile Ripert (1882-1948) : Né à La Ciotat, professeur de langue provençale à l’Université d’Aix. Majoral du félibrige en 1934. Recueils : Le Chemin blanc (Fasquelle, 1904), Le Golfe d’amour  et Le Couronnement de Musset (Ed. du Feu, 1908 et 1910),  La Terre des lauriers ( Grasset, 1912) qui obtient le prix national de poésie 1912,  La Sirène blessée (1920), Le Train bleu (Flammarion,1929). Romans : L’Or des ruines, Quand je serai bachelière, Le Dernier vol de l’Aigle. Auteur aussi de  plusieurs volumes consacrés à Frédéric Mistral et au félibrige qui en font un des chantres les mieux inspirés de la Provence et du Languedoc.
Jean Royere (1871-1956) : Fonde la revue La Phalange (1906-1914), où publient Apollinaire (Les Colchiques), et André Gide. Il avait précédemment dirigé  les Ecrits pour l’art (1887-1893), où avaient été publiés Marinetti et J.A. Nau. Il crée le mouvement “musiciste”, et le terme de “poésie pure”. En 1908, il n’a publié que trois plaquettes : Exil doré (1898), Eurythmies (1904) et Sœur de Narcisse nu (1908), dont Apollinaire fait une analyse enthousiaste. Suivront Par la lumière peints (1919), Quiètude (1922).
Paul Sentenac : Créateur du Salon des Poètes méridionaux, à Toulouse, en juillet 1907, qui publie la revue Tolosa. En 1911, il publie chez Grasset un recueil, Tout mon cœur par tous les chemins. En 1912, il fonde, à Paris, la revue Pays d’Oc, où écrivent, entre autres, Pierre Grasset et André Tudesq.
Emile Sicard: 1878-1921. Il crée et dirige la revue Le Feu en 1905.  Les voix qui chantent et les voix qui pleurent (1904), L’allée silencieuse (1906), L’ardente chevauchée (1908)... Ami de Paul Souchon, Léo Larguier, Emmanuel Signoret. Collaborateur des Cahiers du Sud (Marseille), qui en 1934 publient  son recueil : Le Vieux-Port.
Emmanuel Signoret : Dirigeait, et rédigeait seul, de Cannes, la revue Le Saint Graal, dont le numéro de mars 1898 est consacré à Gide et Vielé-Griffin. Gide lui consacre deux de ses “Prétextes”. En 1908, venaient de paraître au Mercure de France Les Poésies complètes d’Emmanuel Signoret, recueil posthume. Signoret était mort le 20 décembre 1900. Le poème publié par Pan est paru dans La Plume du 1 juillet 1900, dédié à Paul Souchon.
Paul Souchon (1874-1951) : Né à Laudun (Gard), études à Aix et, épisodiquement, à Montpellier où il est un des fondateurs du Caveau du Dix. Membre des revues La Plume et Le Feu.. Ami de Gasquet, Jaloux, Signoret... Publie Elévation poétique (1898), Elégies parisiennes (1902), Les Chants du stade (1923). Chargé de la chronique “Midi” du  Mercure de France. Il est ensuite conservateur du Musée Victor Hugo, et éditeur de sa correspondance.
Louis Thomas : (1885-?) Publie : Flûtes vaines (1906), D’un autre continent (1924). Crée en 1909 la revue Le Nain Rouge, avec André Du Fresnois
André Tudesq (Alès1885-Saïgon1925) : Publie un recueil La vie en 1905 et des nouvelles  Les Magots d’Occident en 1908. Fait partie du groupe Les Loups. Il est cependant plus connu comme correspondant de guerre du Journal et ses livres sur les conflits du Proche-Orient (Le Harem assassiné) ou la révolution du Mexique (La Hacienda en feu, Paris, Michaud, 1913). Il meurt d’ailleurs en reportage à Saïgon en janvier 1925.
EugèneViala : Peintre avant tout, il publie en 1908 : Paysages, chez Carrère, à Rodez.
Jehan d’Yvray publie en 1908 un court roman : Les Porteuses de torches (Ed. Albert Méricant).

Le réseau
Guy Lavaud (1883-1958) : Périgourdin et aveyronnais. Publie en 1946 un article sur Roger Frène. En 1908, il est  Chef de Cabinet du Gouverneur général de Monaco, et correspond avec Valère Bernard dont il organise une exposition. En 1907, ce néo-symboliste a publié aux  Editions de La Phalange : Du livre de la mort. En 1909,  La Floraison des eaux,  en 1910, ce sera Des fleurs pourquoi...,  et en 1918 Sur un vieux livre de marine.. Entre temps, en novembre 1912, il est devenu le gendre de Vielé-Griffin, ce qui permet à Apollinaire de lui consacrer une de ses chroniques au Mercure de France, écrite d'ailleurs dès 1908, l'année où tous deux participent à Pan. “J’ai connu Guy Lavaud il y a six ou sept ans...”
Toussaint-Lucas En 1897, il est le condisciple de Guillaume Apollinaire au lycée de Nice. En 1954 il publie aux Editions du Rocher à Monaco Guillaume Apollinaire, souvenirs d'un ami. En 1908,  il a cessé d'être avocat pour entrer dans l'administration préfectorale. Est-il déjà sous-préfet à Lodève? Est-il “en stage” à Montpellier ??

POSTERITE :
Il est inutile de revenir sur la carrière littéraire des divers auteurs.
Mais il faut noter qu’en Juillet 1909, alors que Pan est devenue une revue parisienne, une tentative de renaissance a lieu à Montpellier. Sous l’aspect d’un journal étudiant, Le Dard, organe des étudiants, dont un seul numéro sera publié regroupe, parmi ses six collaborateurs, 5 anciens de Pan : Clary, Dumas, Rieu, Cottinet, Sentenac. Joël Dumas, déjà parisien, y revient d’ailleurs sur la revue et évoque ses rencontres avec Apollinaire, Marinetti ou Moréas en 1907.

Sommaires :
n° 1, janvier 1908
Francis Carco, Jean Clary, Emile Cottinet, Léon Deubel, Joël Dumas, Jean Royère, Jean Sauclières, Emile Sicard , Paul Souchon, Louis Thomas, Eugène Viala.
[Sommaire rédigé d’après les tables du n°6]
PAN, sommaire du n° 2. 

n° 2, Mars-Avril 1908.
Abel Bonnard, Francis Carco, Emile Cottinet, Du Fresnois, Roger Frène, Mécislas Golberg, Alexis Lauze, Jean Pellerin, Michel Puy, Marcel Rieu, René Rivière, Louis-Frédéric Rouquette, Paul Sentenac, Pierre Vierge,
A noter : Un texte d’Abel Bonnard, qui servira au n° 5 de repoussoir dans une étude sur Apollinaire par Toussaint-Luca.
Une chronique sur Lucie Delarue Mardrus.
Une chronique sur Claudel, qui tente un bilan de l’œuvre.
Des souvenirs sur Zola, par Louis-Frédéric Rouquette.
Une chronique sur Les Magots d’Occident, d’André Tudescq, un écrivain régional qui est un des premiers auteurs édité par Bernard Grasset.
PAN, n° 3, 1908 . Avec quelques publicités de Montpellier et Le Vigan

n° 3, mai-juin 1908
Charles Bordes, Francis Carco, Jean Clary, Paul Delior, Joël Dumas, Roger Frène, Pierre Grasset, Alexis Lauze, Paul-Hubert, Louis Payen,  Jean Pellerin, Charles Phalippou, Louis Piérard, Marcel Rieu, Emmanuel Signoret, Paul Souchon.
A noter : Annonce de la parution aux éditions de la revue Pan du livre de Jean Clary : D’Or et de soleil, offert en prime aux abonnés.
n° 4, juillet-août 1908.
Charles Bordes, Emile Cottinet, Lucie Delarue-Mardrus, André Du Fresnois, Jean Florence, Guy Lavaud, Saint-John Perse [Saint Léger-Léger], Louis Mandrin, Filipo Tomasso Marinetti, Jean Pellerin, Nandor Sonnenfeld, Augustin Tivollier, André Tudesq.
[Sommaire rédigé d’après les tables du n°6]
PAN? sommaire n° 5, septembre 1908. Montpellier

n° 5, septembre-octobre 1908.
Gabriel Boissy, Jean Clary, Fabien Colonna, Emile Cottinet, Joël Dumas, Pierre Grasset, Marcel Rieu, René Rivière, Paul Sentenac, Pierre Tournier, A. Toussaint-Luca, Jehan d’Yvray.
A noter : Grand texte d’A. Toussaint-Lucas, avec larges citations, sur Apollinaire.
Critique, par Joël Dumas de La Vie charnelle, de Marinetti (publié dans le n° 4).
Annonce de la revue publiée à Agen par Tristan Derême : L’Oliphant.
Le texte de Pierre Grasset est extrait de Un Conte bleu, à paraître.
PAN sommaire novembre 1908

n° 6, nov.-déc. 1908
Guillaume Apollinaire [Fiançailles], Valère Bernard, Jean Clary, Emile Cottinet, André Du Fresnois, Serge Evans, Henri Guilbeaux,  Marcel Rieu, Emile Ripert, Emile Rochard, Pierre Tournier.
A noter : Chronique enthousiaste des Poèmes d’un riche amateur publiés par Barnabooth (Valéry Larbaud). Ce livre a été écrit à Montpellier, mais semble rester anonyme pour le chroniqueur Jean Clary.
Chroniques sur Eugène Carrière (de Rodez), sur Jean Royère (comparé à Valéry).
Les textes de Valère Bernard sont en français et dédiés à Rodin.
Critique de BARNABOOYH de Valéry Larbaud par Jean Clary 

2e année, n° 1 et 2, janvier-février 1909
Jean Clary, Fabien Colonna, Emile Cottinet,  André Du Fresnois, Roger Frène, Tristan Klingsor, Sébastien-Charles Lecomte, Legrand-Chabrier, Louis Mandin,  John-Antoine Nau, Marcel Rieu, Jean Royère, Pierre Tournier, Francis Vielé-Griffin.
A noter : Guillaume Apollinaire est qualifié de “notre collaborateur” p. 2. 
 

[N° de sept-oct 1909. (Pan est désormais une revue parisienne). Joël Dumas en communique le sommaire à La Bohême : Mécislas Golberg (La Prison) , Georges Duhamel et Charles Vildrac (Extrait d'un carnet de notes sur le vers libre), Henri Hertz, Marcel Rieu, Fernand Mazade, Albert de Bersancourt, Fabien Colonna, René Arcos, Jean Clary, Emile Cottinet, Cécile Périn, Legrand-Chabrier... ]
Les éditions de PAN, E. Figuière éditeur, Paris, publient en 1913 : Dionysos et les Nymphes de Fernand Mazade.