18 octobre 2011

Mobilité des typographes de Montpellier vers 1870

De Charles Pagès, je ne saurais rien s'il n'y avait ce petit livret de 1878 constatant son admission dans l'UNION TYPOGRAPHIQUE DE MONTPELLIER, puis son départ en octobre 1880.

Livret de typographe à Montpellier

Charles Pagès typographe

L'Union typographique de Montpellier a été fondée en 1870.
Union typographique de Montpellier
Ses buts sont multiples : Créer une corporation (on n'ose dire syndicat) ; Secourir ses membres en cas de maladie ;  Trouver un travail aux membres qui n'en ont pas ; Secourir les typographes de passage dans la ville ; "Maintenir, par des moyens légaux, les prix fixés par la Société pour les différents travaux typographiques". 
Statuts de l'Union typographique
Au passage, nous apprenons qu'il existe d'autres Sociétés similaires dans toute la France.
Les 21 pages d'articles de ces statuts ne sont que les détails de la mise en œuvre de ces objectifs. Il n'y est jamais parlé du travail pratique de ces ouvriers typographes.
Mais, in fine, se trouve deux listes aux enseignements fort curieux.
La première est la liste des membres fondateurs, en 1870. Elle comporte 71 noms. 10 d'entre eux, précédés d'un*, "ont été exclus pour diverses raisons". 15 autres membres sont décédés, ce qui est, en 8 ans, une effrayante proportion. 15 sur 71, c'est quand même beaucoup. 
Membres fondateurs de l'Union typographique

La seconde liste est celle des membres au 1 janvier 1878.
Le nombre total a très peu changé, il est de 70, au lieu de 71. On peut donc penser que ce chiffre représente le nombre total d'ouvriers typographes employés dans les diverses imprimeries montpelliéraines.
Ouvriers, et non maîtres imprimeurs. En effet, deux des membres fondateurs, Emile CABIROU et Gustave FIRMIN ont franchi le pas : le 12 janvier 1875, ils se sont unis pour fonder, 7 boulevard de la Comédie, l'imprimerie FIRMIN et CABIROU. Ils disparaissent donc des listes d'ouvriers. 
En fait, de la première liste, celle des fondateurs, 23 noms seulement se retrouvent sur celle de 1878. Calcul facile : 71 moins les 10 exclus, les 15 morts et les deux "patronisés" ça veut dire que 23 membres ont quitté la ville ou le métier en 8 ans.
Ça veut dire aussi que pour remplacer ces départs et décès, 47 nouveaux ouvriers sont arrivés dans les imprimeries de Montpellier
Typographes de Montpellier en 1878

Donc, en 1878, 67% des ouvriers typographes de Montpellier ne l'étaient pas en 1870. Soit ils l'étaient ailleurs, soit ils faisaient autre chose, ou rien.
Or, la formation d'un ouvrier aussi spécialisé qu'un typographe prend des mois, sinon des années...
Ça fait réfléchir sur l'extraordinaire mobilité de la classe ouvrière au lendemain de la Commune !

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