9 novembre 2011

Un EX-LIBRIS, le PEYROU, des CYPRES, André GIDE : 3 mots sur Raoul DAVRAY

          J'ai, dans mon propos précédent sur Henry Rigal parlé de son Anthologie des poètes du Midi  (Ollendorff, 1908). En fait, il s'étaient mis à deux.
          Le second était Raoul DAVRAY, de son vrai nom René Falgueirettes, né à Sète en 1881  et mort durant la 2ème Guerre (il habitait 11 rue des Volontaires à Montpellier). Royaliste maurrassien, il est le critique littéraire attitré du journal régional L'ECLAIR. 
          En 1938, il publie La Chape de plomb (plomb d'imprimerie). On aurait aimé des souvenirs littéraires, ce sont plutôt des chroniques surannées. Tant pis.
La Chape de plomb de Raoul Davray
          Ce n'est donc pas pour ça qu'on en parle, c'est parce qu'il y a son portrait sur la couverture. Son obésité ne lui interdit pas une certaine finesse.
          Si vous cliquez sur la photo ci-dessous, vous pourrez lire ce qu'on pense de lui, et un télégramme de Bernard Grasset (ils ont le même âge et se sont connus à Montpellier).
Que penser de Raoul Davray?
Dédicace au footeux Gambardella,  un temps directeur de Midi-Libre
          Mais je m'égare.
          Je voulais juste vous parler de ses rapports au Peyrou, la place de Montpellier que je vois de mes fenêtres.
Premier épisode : L'ex-libris de Raoul Davray :
Ex-libris de Raoul Davray : Montpellier
          On y voit le Pic Saint-Loup, le clocher de Sainte-Anne et le Château d'eau du Peyrou.
          L'ex-libris est signé P.C. et si vous me demandez qui c'est, je réponds je ne sais pas, mais si quelqu'un le sait, qu'il me le dise.  Bel ex-libris !
Second épisode. Dans l'hebdo La Vie Montpelliéraine, en octobre 1923, Paul VALERY, racontant sa jeunesse à Montpellier, lâche imprudemment qu'il aurait alors préféré des cyprès au Peyrou plutôt que des ormes et des platanes.
          Branle-bas dans Montpellier! Le Maître a-t-il raison? Raoul DAVRAY lance une enquête et recueille les avis de tous ceux qui, de Montpellier, ont deux mots à dire, parce que Montpellier, ils connaissent, ils y ont vécu.
          Répondent donc, en vrac : Valéry LARBAUD, Pierre GRASSET, le catalan François-Paul ALIBERT, le critique d'art André MICHEL, la romancière Jeanne GALZY, le député-poéte Xavier de MAGALLON, le peintre Edouard MARSAL, le ministre Mario ROUSTAN, Louis BERTRAND, Charles MAURRAS lui-même...
          Mais voilà. Il manque celui qui est déjà le contemporain capital, André GIDE, qui connait Montpellier comme sa poche.
          Rappelons qu'il avait écrit dans Les Nourritures terrestres
          A Montpellier, le jardin botanique. Je me souviens qu'avec Ambroise [c'est Paul Valéry qui s'appelle comme ça], un soir, comme aux jardins d'Académus, nous nous assimes sur une tombe ancienne, qui est entourée de cyprés; et nous causions lentement en mâchant des pétales de roses.
          Nous avons, une nuit, vu, du Peyrou, la mer lointaine et que la lune argentait; auprès de nous s'ébruitaientles cascades du château d'eau de la ville; des cygnes noirs frangés de blanc nageaient sur le bassin calmé...
          Et miracle, Gide, poli, répond :
          Lettre parvenue trop tard. Vif regrets. 
          Mais, lui répond Raoul Davray, une lettre de Gide est éternelle, nous saurons l'attendre!
          Et là, deuxième miracle, Gide, sincère à tout crin, re-répond :
                                                                Aucune opinion, excusez-moi. 
André Gide et les cyprés du Peyrou, à Montpellier
            Si ça, c'est pas un bide...! 

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